Proposition synthétique d'étapes successives d'acquisitions progressives du jeu en 3 touches.

 

Une apparition progressive de besoins techniques et tactiques pour jouer avec le(s) partenaire(s) contre les adversaires.

 

 

 

1e étape : le renvoi direct

 

Jeux de départ

Alternance de jeu en 1c1 et 2c2

 

Terrain de volley divisé en 4 (largeur 2,50m, profondeur 3m)

Hauteurs du filet : 2m, 2,10m.

Le ballon : type beach-volley

-       Règles

Mise en jeu : balle lancée par en dessous à 2 mains depuis la ligne des 3m, la balle n’arrive pas trop vite chez l’adversaire.

Une seule touche de balle autorisée même en 2c2.

Toutes les touches de balle doivent être réalisées au dessus de la ligne des épaules à 1 ou 2 mains (pas de manchette).

Marque : 1 pt à chaque erreur de renvoi ou atteinte de la cible.

Tant qu’on marque, on garde la mise en jeu.

Matchs au temps : 2’30mn

 

Rencontres type montante/descendante pour équilibrer les rapports d’opposition.

 

Il est intéressant d’alterner 1c1 et 2c2 car le 2c2 pose un problème supplémentaire, même s’il n’y a pas de passe : il faut apprendre à ne pas gêner son partenaire, identifié comme futur porteur de balle, c’est la première étape de la coopération.

 

Ce que font les enfants et la performance visée

On attend des joueurs qu’ils/elles renvoient direct pour défendre leur cible. Les joueurs en difficulté ratent souvent leur renvoi, ils/elles sont hypotoniques, n’entrent pas dans un jeu d’anticipation posturale et d’attention. Peu de vigilance, pas de tension musculaire.

 

Ce qu’il y a à apprendre

Pour renvoyer direct, donc être efficace, il faut être en tension musculaire, la mobilité étant un gage de tonicité permettant à la balle de repartir.

 

Exemple de situation pour améliorer la tonicité musculaire :

A la mise en jeu, les receveurs sont en dehors du terrain, donc loin de la cible à protéger pour susciter un état de vigilance avant la frappe : derrière les 3m, à droite, à gauche, assis, allongé…etc. Un lanceur envoie 20 balles depuis la zone comprise entre les 3m et le filet. Il faut réussir 15 renvois directs. Cette efficacité est révélatrice du développement de l’anticipation posturale.

 

L’indicateur d’efficacité: la continuité

A la fin de cette étape, dans la dialectique continuité/rupture, c’est la continuité qui est significative de performance puisque ne gagnent que ceux, celles qui sont capables de renvoyer le ballon avant qu’il ne tombe dans leur cible.

 

Lorsque le point est gagné après 2 ou 3 franchissements, c’est que les enfants sont devenus capables de renvoyer un ballon qui arrive sur eux, proche du filet. 2 à 3 séances sont nécessaires pour réussir cela, on peut alors passer à l’étape suivante.

 

 

2e étape : le tir direct.

 

Jeux: 2 contre 2

 

-       Terrain : plus grand, largeur : 5m, longueur : 6m.

-       Filet : idem.

-       Règles identiques : toujours une seule touche de balle, qui doit être maintenant réalisée obligatoirement au dessus de la ligne des épaules à 1 ou 2 mains .Temps : 2’30.

 

La performance visée 

Pour gagner, il faut rompre l’échange rapidement. Il faut  donc passer d’un échange qui dure longtemps (leur renvoi ne dépasse pas 3 m) à un échange plus court avec des tirs au fond du terrain.

 

Ce qu’il y a à apprendre

Renvoyer vers la zone du fond nécessite d’apprendre la dissociation des poussées des membres supérieurs et inférieurs sur la balle (dissociation de quoi ? ) et apprendre à « amortir » la balle pour la renvoyer. En effet, quand le ballon descend, un débutant percute la balle avec les mains qui partent des épaules et s’élèvent vers le ciel.

Or il faut inverser : attendre la balle mains hautes en extension, jambes tendues, et se laisser « compresser » par le ballon lourd pour ensuite inverser la poussée.

Les mains sont les « oreilles » du ballon. Pour ne pas avoir mal, il faut offrir une surface du corps plus dure que le ballon.

 

Exemple de jeux :

Seul.e ou à deux avec des ballons lourds, type ballons de basket, jongler au dessus de sa tête les mains en hyper extension en faisant faire un grand écart au pouce et au petit doigt. Un grand nombre de répétitions permet de gagner de 3 à 4m la portée du tir.

 

L’indicateur d’efficacité : la rupture

A la fin de cette étape, l’échange est court. La rupture devient significative de la performance. Pour gagner, l’attaquant produit une trajectoire de 0 à 6 m. Le réceptionneur n’ayant droit qu’à une seule touche de balle, soit il rate son renvoi, soit son renvoi arrive dans la zone proche du filet de son adversaire qui peut alors jouer court. Les joueurs ont ainsi « épuiser » le renvoi direct. Se pose alors la question de l’utilité du partenaire pour rendre possible le renvoi depuis le fond du terrain.

 

 

3e étape : le tir à 2

 

Jeux en alternance 1c1 et 2c2

-       Terrain  Identique à celui de l’étape 2 : 5mX6m.

-       Règles :

Qualité de la frappe identique.

Une 2e touche, et seulement une 2e est autorisée, même en 1c1.

 

La performance visée :

Pour gagner à cette étape, seul.e ou à 2, il faut ramener la balle en zone avant ou centrale pour renvoyer chez l’adversaire.

 

Ce qu’il y  à apprendre :

Conserver le ballon sur son terrain puisque le renvoyer depuis la zone de fond n’est pas efficace.

-       Différencier si j’ai le ballon ou non. Si non, ne pas intervenir dans l’espace de mon partenaire.

Pour cela, il faut apprendre à identifier si le PdB est en situation de tir ou en situation de conservation. En zone arrière, il doit conserver. En  zone avant, il doit tirer.

Le NPdB doit donc se déplacer dans le couloir de jeu direct, entre son partenaire et le filet, face à lui.

Exemple : les 2 joueurs sont au milieu du terrain. Le ballon arrive au fond à droite.

Le réceptionneur de droite recule et envoie le ballon HAUT DEVANT lui, dans le couloir de jeu direct.

Son, sa partenaire se déplace vers la droite, en zone avant, face à lui et envoie le ballon chez l’adversaire à l’aveugle, en passe arrière puisqu’il est dos au filet.

A cette étape, il est nécessaire de tolérer des frappes arrière non réglementaires avec les mains en supination.

Les PdB apprennent donc à lancer le ballon dans un espace libre en avant et non sur un partenaire immobile, ce qui crée un jeu d’engagement, de mouvement.

Quand cela est intégré, on devient performant.e car capable de conserver ET renvoyer. 

 

L’indicateur d’efficacité : la continuité

A nouveau la continuité prime. Il faut 2 à 3 tirs pour marquer ou provoquer la faute adverse, donc 4 à 6 franchissements.

Le tireur, la tireuse ne vise pas mais cherche toujours à renvoyer le ballon chez l’adversaire. C’est toujours une étape de renvoi. Il faut 5 à 6 séances de 2h depuis le début pour en arriver là.

 

 

4e étape : le tir délibéré à 2

 

Le jeu

Mêmes règles, toujours 2 touches de balle, frappes hautes.

 

La performance visée          

Pour obtenir la rupture, donc diminuer les franchissements, il faut rechercher la cible adverse de manière délibérée. C’est la différence entre le renvoi/tir et le tir délibéré.

Le tireur va s’orienter face à la cible pour accélérer le ballon lors du tir et dans certaines conditions, viser.

Si une balle arrive en zone avant, elle est renvoyée directement.

Si une balle arrive en zone arrière, elle est renvoyée à 2.

 

Ce qu’il y a à apprendre

La principale transformation est liée à la construction de l’orientation partagée pour rendre possible le jeu indirect. Le réceptionneur ne doit plus envoyer le ballon devant lui dans le couloir de jeu direct, mais en oblique.

Il faut construire des trajectoires plus ou moins incompatibles qui font un angle. Cela contraint le tireur à avoir une épaule vers son partenaire, une épaule vers le filet et la cible adverse, c’est l’orientation partagée comme dans tout sport collectif.

Alors le tireur peut accélérer le ballon par la frappe bras cassé.

 

 

Performance et recherche de « l’espace libéré»

En aucun cas, je ne demande de viser, c’est impossible de voir un espace libre, même à très haut niveau. La vision centrale est accaparée par la rencontre avec le ballon. Dans le meilleur des cas, un joueur qui garde les pieds au sol (ne saute pas) peut voir des « masses » et percevoir l’espace occupé en utilisant la vision périphérique. En fait, l’espace libre se construit avant la frappe, par des fausses informations, des feintes. On ne peut donc parler d’espace libre, mais d’espace libéré. Par exemple, si j’ai décidé de jouer court avant de tirer, je feinte un jeu en puissance et joue court et inversement. La zone est atteinte, non parce que je l’ai vue, mais parce que je l’ai créée en faisant croire à un jeu court, long ou puissant.

 

10 à 12 séances sont nécessaires pour arriver à cette étape. La performance que je vise est conditionnée par le fait de poser aux débutant.es des problèmes de même nature que ceux auxquels sont confronté.es les joueurs et joueuses de haut niveau.

 

Les jeux et les règles proposées s’inscrivent dans une démarche qui s’appuie sur la dialectique attaque/défense : toute solution à un problème devient, elle même, un nouveau problème à résoudre. C’est ce qui crée l’alternance continuité/rupture. La résolution du problème de défense grâce à l’acquisition du renvoi direct engendre la recherche d’une nouvelle solution offensive : le tir direct au fond.

 

Chaque étape porte en elle la naissance et la nécessité de la suivante. Le renvoi direct est dialectiquement une solution défensive mais aussi un problème offensif. De même, le tir à deux est à la fois une solution offensive mais un problème défensif.